Une saison sans fin…

Penser au match, dès le lundi matin. Traverser péniblement la semaine. Enfiler son maillot bleu. Prendre le tramway jusqu’à la station Krimmeri. Partager une tarte flambée sous la tribune Ouest. Croiser des visages familiers. Monter en tribune. Regar­der les joueurs s’échauffer. Sentir l’atmosphère. Se lever, parce qu’on est Stras­bourgeois. Se lever, tout court. Chanter à en perdre la voix. Ouvrir le journal du lendemain. Rêver. Aimer ces joueurs, ce club, de manière insensée, irrationnelle. Et réaliser à quel point la vie est moins belle sans tout cela…

L’Alsace, notre région, a été touchée en plein cœur, rongée par la maladie. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, une saison de football n’a pas pu aller à son terme. Après presque deux mois de confinement suite à un virus qui a paralysé la planète, la Ligue de football professionnel a décidé d’arrêter le cham­pionnat et de geler le classement. Le Racing termine dixième, mais l’essentiel est ailleurs. Car plusieurs supporters ne connaîtront plus la joie d’une victoire, ou tout simplement celle de venir au stade. Plus rien ne sera jamais pareil. Et il incombe à ceux qui sont encore là de ne jamais oublier. Parce que nous reviendrons. La Meinau sera à nouveau belle et pleine, avec ses joies, ses peines et ses agitations. Et ce jour-là, des tribunes résonnera un chant. Porté par tous les Alsaciens. Celui de la résilience.