GRENADITE AIGÜE
Dans l’escalier qui permet de relier directement la tribune de presse et les vestiaires du Camp Nou à Barcelone, en ce 3 octobre 1984, peu avant 22 h 00, la descente n’en finit plus. Chaque pas, chaque marche semble faire résonner en moi le décompte du temps encore à jouer. Chaque clameur entendue en provenance des gradins, chaque cri émis me fait craindre que le rêve entrevu, ce miracle à portée de main… soudain ne prenne fin !
Que l’avantage de trois buts, conquis au terme (ou presque) de ces 90 minutes de folie par nos grenats en terre catalane, ne s’effrite à l’ultime seconde !
J’ai laissé Richard Bance et Robert Sczépaniack continuer à commenter seuls, dans la cabine de Radio L, les tout derniers instants du match, histoire d’être déjà dans les vestiaires afin d’y accueillir, micro à la main, les héros du soir et de l’histoire. Enfin c’est sifflé et c’est gagné. C’est Carlo et c’est Marcel, c’est Vincent, Fernando, Luc, Billy et les autres… Jean-Philippe, Tony, Jules. Cette incroyable équipe d’un invraisemblable exploit. Une légende qui se construit quelques mois seulement après le parc et la victoire sur les princes monégasques pour notre première coupe. Coupe de fer et d’acier dans un stade qui rappelle au Président de la République ses promesses pour la Lorraine.
Une histoire qui s’écrit comme elle s’écrira encore en 1998 avec Pirès, Song, Pouget et autres, à un poil du titre de champion de France !
Une histoire faite de grands moments et de petits souvenirs comme ceux de l’enfance derrière le grillage des populaires quand Metz et Forbach s’affrontaient en deuxième division. Ceux des instants de rêve de l’ère Molinari quand Tom Sondergaard, lors d’un match contre le Rapid de Vienne, montait sur le ballon comme Napoléon sur ses pyramides. Comme les débuts et les buts de Nestor Combin. Ce temps des artilleurs, d’un grand Rey et du Patrick qu’on avait retrouvé le matin de son mariage, huit jours après sa rencontre avec Schumacher à Séville en 1982.
Ce sont mes symptômes à moi d’une forme de grenadite aiguë contractée il y a plus de 60 ans. Au temps où, le dimanche matin à la messe, je priais pour que Metz gagne l’après-midi. Cette douce addiction (éprouvante parfois) que Claude Krieger vous permet une nouvelle fois de tester et de mesurer grâce à son Quiz 100 % Grenat.
Qu’il en soit remercié. Toute cause à besoin d’apôtres.
Et celui-ci est bon…
Jean-Pierre Jager
Journaliste écrit et radio
Fondateur de La Semaine